Paul « Tex » Lecor (1935-2017)
Paul Lecor, plus connu sous le nom de « Tex » doit une grande partie de sa notoriété au monde du spectacle. Ses chansons et sa participation à des émissions de radio, dont les célèbres Insolences d’un téléphone, contribuent grandement à cette popularité. Mais le chanteur-animateur-humoriste est aussi connu comme peintre. Porte-drapeau et défenseur d’une expression artistique fondée sur la tradition paysagère, il apparaît, dans le monde de la peinture figurative traditionnelle, comme l’un des artistes les plus marquants.
Paul Lecor se lancera dans la peinture bien avant de se produire sur scène. Il a étudié à l’École des Beaux-Arts de Montréal pendant huit ans. L’éducation qu’il y reçoit, ainsi qu’une profonde amitié avec le peintre Léo Ayotte, auront une influence déterminante sur son développement artistique. Marc-Aurèle Fortin, Clarence Gagnon et les peintres du Groupe des Sept font partie des artistes qu’il admire profondément. Il est d’ailleurs un digne successeur car il possède un immense talent.
La vision de l’artiste est, sinon folklorique, du moins fortement empreinte de nostalgie d’une époque révolue : ces époques où la peinture de paysage connaissait de grands bouleversements, évacuant une vision romantique du style européen au profit d’une approche plus proche de la dure réalité qu’elle est la nôtre et marquée du sceau de la modernité. Ce trait caractéristique est particulièrement remarquable chez les artistes du Groupe des Sept, et notamment dans la peinture de Warren Harris. Pour ces raisons, on ne peut aujourd’hui qualifier la peinture de Lecor d’avant-gardiste ou simplement nouvelle. Sa démarche plastique repose davantage sur l’anecdote, sur la chronique, que sur un jeu de matières interrogeant le sens de la représentation de la peinture.
Tex Lecor est resté au fil des années un irréductible défenseur de la nature. Ses excursions auprès des Autochtones, dans le Nord et le Grand Nord, ont souvent inspiré ses peintures. L’artiste souhaite sans doute que sa peinture témoigne des derniers vestiges d’une nature plus que jamais menacée de toutes parts. Grand voyageur en contrées lointaines, il se révèle, un peu à la manière du héros de la littérature Jack London, témoin privilégié de nos grandes étendues sauvages.
Source : Robert Bernier, La peinture au Québec depuis les années 1960, Les Éditions de l’Homme, 2002, Lecor Paul « Tex » Lecor (1935), pages 309-310.